Nous sommes partis explorer le monde fascinant des insectes !
Et nous en sommes revenus désenchantés….
Jeudi 22 février à Espéraza, a eu lieu une rencontre initialement prévue grouillante de vie. L’audyssée des insectes aura réuni 19 participants dont 5 intervenants. Chacun d’entre eux nous a présenté ses actions autour des insectes dans la Haute Vallée et leurs constats sont implacables : le département, qui compte deux tiers des espèces françaises sur son territoire, n’est absolument pas épargné par la disparition des insectes.
C’est un nouveau cri d’alarme qui a résonné au cours de cette soirée. Selon des études (ici, et là) on constate une chute de 70 à 80% des insectes sur les trois dernières décennies. La faute à l'agriculture et aux insecticides, mais pas que ! Le développement de nos villes est aussi une cause de ce déclin, à cause de la pollution lumineuse. Le changement climatique y est aussi pour beaucoup. Des conclusions partagées par l’ensemble des intervenants, qui le constatent au quotidien dans leurs travaux.
Un territoire, des insectes, des oiseaux et des hommes :
Adeline Julié, de l’association Gée Aude nous a exposé les enjeux du projet “Un territoire, des insectes, des oiseaux et des hommes” (TIOH). Missionné par l'association 3.EVA, le projet démarre en 2020 et est financé par la fondation de France. Dans un contexte de réchauffement climatique où l’on constate un déclin des insectes et des oiseaux partout sur le territoire, le projet TIOH a pour objectif de faire de la Haute Vallée de l’Aude, un “territoire 0 insectic²ide”. Un projet ambitieux, mais hautement nécessaire, les insecticides étant pointés du doigt comme principal responsable de l’extinction des insectes. Adeline nous rappelle aussi l’impact écotoxicologique de la vermifugation du bétail sur les insectes coprophages. Les bousiers, qui s’occupent de recycler les excréments des animaux, ingèrent des bouses contaminées, s’intoxiquent et meurent. Sans bousiers, les déjections s’accumulent dans les champs et l’herbe ne peut plus pousser. L’eau est également polluée. Le terrain devient inutilisable pour toute culture.
Nous avons eu la chance d’accueillir l’exposition du projet TIOH, qui leur sert pour sensibiliser les gens et favoriser l’émergence de nouvelles pratiques.
À la découverte de l'inconnu !
Loïc Brepson et Boris Noyere nous ont présenté leurs actions au sein de la fédération Aude Claire, une association qui a pour but d'étudier la biodiversité, de gérer les milieux naturels et de sensibiliser à la nature. Loïc est chargé de l’étude des insectes dans la Haute Vallée de l’Aude au sein de la fédération, et son constat est sans appel : le territoire n’est absolument pas épargné par le déclin des insectes. Il existe plus de 35200 espèces d’insectes en France et de nouvelles sont découvertes chaque jour. Le département de l’Aude a un climat unique en France et a sur son territoire une biodiversité extrêmement riche : 2 tiers des espèces d’insectes sont présentes dans le département, un cas unique en France. Malgré ce climat propice à la biodiversité, le département fait face à de nombreuses menaces. Dans le Lauragais, c’est l’agriculture intensive qui est en cause. Le Narbonnais et le littoral font face aux problématiques d’urbanisation et de monoculture. Le Pays de Sault est menacé par l’utilisation des vermifuges pour le bétail, l’introduction de poissons contaminés dans les lacs et rivières, et la monoculture de résineux, comme l’épicéa. Enfin, le département dans son ensemble est menacé par les espèces invasives, comme l’écrevisse de Louisiane, et le réchauffement climatique où l’on constate que certaines espèces sont incapables de s’adapter.
Une apicultrice engagée !
Emma Cowley, une apicultrice de la Haute Vallée, est venue présenter un témoignage sur ses dix années d’exploitation. Son expérience démarre dans le Narbonnais, où elle constate l’impossibilité d’avoir des ruches en bonne santé et décide de s’installer dans la Haute Vallée. Après de longues recherches de zone “saine” pour ses abeilles, elle installe ses ruches à Alaigne et à Feste Saint-André. Elle expose la problématique de la monoculture et les besoins, pour les abeilles, d’avoir accès à au moins 3 pollens différents par jour, pour ne pas avoir de carences. En 10 ans d’exploitation, elle constate que la durée de vie pour une reine est réduite de moitié. Elle pointe du doigt les apiculteurs industriels et les mauvaises pratiques qui existent aussi chez les apiculteurs.
L’exemplarité du Rotary !
Martine Gravelaine est rapidement intervenue pour expliquer les engagements du Rotary Club de Quillan envers l’environnement, à travers la création d’une convention pour l’environnement, le financement de plantation d'arbres en Afrique et la protection des insectes, notamment des abeilles. Elle vous invite le 25 Mai prochain, pour un événement autour des espèces en voie de disparition.
Éducation et sensibilisation.
Manon Lucasson est venue présenter les actions de l’Aude Au Nat’, une association qui fait découvrir la nature à tous et toute l’année, à travers de la sensibilisation et des sorties naturalistes sur des thèmes divers, des conférences, des activités pédagogiques et ludiques -temps (péri)scolaires-, des aménagements de jardin pour accueillir la biodiversité et à travers la création de divers supports pédagogiques.
Prise de parole :
Georges Bennavail fait remarquer aussi le rôle de la pollution nocturne avec l’éclairage public. C’est un exemple de la difficulté que l’on peut avoir à prendre tous les facteurs en considération
La soirée s’est conclue autour d’un repas préparé par Delphine Gallois, de l’association Les imaginaires en transition dans une ambiance chaleureuse malgré un constat qui nous laisse un goût amer pour nos amis les insectes.